CONFÉRENCE/CONCERT

Conférence musicale à destination d’un public averti (étudiants, mélomanes, etc…)

Une histoire des Frères Jacques (1944/1982) et des cabarets dits « rive gauche » (1946/1974) illustrée en chansons jouées et interprétées au piano. Chansons faisant partie du programme des deux spectacles « Le 10ième récital » et « C’était la Rose Rouge ».

« 1944/45, fin de la seconde guerre mondiale. C’est l’époque de Charles Trenet (la mer), Piaf (la vie en rose), Boris Vian, Mireille et Jean Nohain, Gilles et Julien, Ray Ventura et ses collégiens… En 45 Montant connait son premier grand triomphe au Théâtre de l’Étoile, Prévert publie Paroles. C’est l’éveil du Flore et de St Germain des Prés qui deviennent épicentres de la culture.

C’est aussi l’époque des chansons venues d’Amérique, du jazz, des négros spirituals et des Barber shop quartet en particulier.

Globalement pendant les années de guerre, les artistes ont très peu « collaboré » avec l’occupant, ils ont plutôt été soit résistants soit neutres en attente de jours meilleurs. Le Front Populaire de 36 a semé des graines qui attendent les conditions propices pour germer.

La France a grand besoin de retrouver le moral et renouer avec l’humain après les horreurs de la guerre.

A cette époque Les Quatre Barbus sont la référence française (1938 – 1969) ainsi que Les Compagnons de la Chanson (1941 – 1985). En Allemagne avant la guerre, il y avait eu Les Comédians Harmonists (1928 – 1935), un sextuor d’homme qui avait eu un beau succès avant d’être interdit parce que trois des ses membres étaient de confession  juive. Toutes ces formations sont uniquement dans la polyphonie vocale, sans recherche très singulière de mise en scène. Les Frères Jacques vont changer tout ça… »

La conférence présente les évolutions artistiques, techniques, sociales et politiques de cette période exceptionnelle dans l’histoire de France contemporaine qui a vu l’éclosion d’une partie de ce qui a fait l’exception culturelle française dans le domaine du spectacle vivant. Période qui semble malheureusement bien disparue depuis l’arrivée progressive de l’industrie et de la finance dans un domaine où l’humain présidait avant tout.

« J’ai choisi de suivre une présentation chronologique, ce qui semblait le plus simple. Après un état des lieux tenant compte des années d’avant guerre, la conférence suit parallèlement le parcours des Frères Jacques et les faits marquants de l’évolution de la société. Les chansons que j’interprète suivent cette chronologie.

J’ai depuis longtemps été séduit par le talent de Pierre Philippe et Hubert Degex, les deux pianistes qui ont accompagné le quatuor pendant leur 36 ans de carrière. Dans mes arrangements musicaux, j’ai voulu leur rendre un peu hommage en faisant parfois allusion à leurs propres arrangements, pour le plaisir des connaisseurs. Mais ces chansons devant à l’origine me permettre de faire un tour de chant en solo, moi qui n’ai pas une voix particulièrement belle, il m’a fallu faire attention à la comparaison avec les versions d’origine enregistrées par les Frères Jacques. Seul au piano, je n’avais pas les moyens de lutter face à un quatuor capable d’harmonies vocales, de mimes et de mise en scène théâtrale. C’est un peu pour cette raison qu’on ne retrouvera pas beaucoup de « tubes » des Frères Jacques dans ce répertoire. Pas de Queue du chat, de confiture, de St Médard ou de Truite ! J’ai choisi des chansons dans lesquelles je pouvais faire valoir une vision singulière à la fois dans l’interprétation et dans les arrangements au piano. L’univers des Frères Jacques était très masculin, avec des chansons plutôt rythmées mimées souvent de façon très figurative. Avec l’aide de Jean Paul Rolin, metteur en scène, nous avons essayé de faire une lecture différente des textes afin d’y trouver des intentions qui permettraient de créer des musiques bien différentes des versions originales. C’est ainsi que « Le général à vendre », qui était interprétée par les Frères Jacques, sur un rythme de marche militaire à pris une tournure plus bucolique et champêtre.

De même que « Les clochards » ne sont plus des ivrognes mais ont pris une allure plus noble, poétique et distinguée que dans la version Frères Jacques.

Le choix des chansons s’est aussi fait par rapport à la possibilité de faire vivre des personnages tout en restant assis pour jouer du piano. Ou encore parce qu’elles racontaient des histoires étranges, comme dans « Anthropophagiquement votre »

Durée de la conférence/concert: de 2 à 4 heures selon la demande.

Moyens techniques demandés: – un bon piano – un vidéo projecteur avec connexion à un ordinateur – un bon système de diffusion sonore. Mais, si vous n’avez rien de tout cela, je peux tout apporter !

Sources littéraires:

« Drôles comme quatre ». Randal Lemoine. Éditions Gallimard Paris 1957.

« Les Frères Jacques », Cécile Philippe et Patrice Tourenne. Éditions Balland, 1981.

« 36 années de chansons », Jean Boekholt. Éditions de La Source. Montpellier 1987.

« Les Frères Jacques », Eric Zimmermann. Éditions Didier Carpentier. Paris 1999.

« Les Frères Jacques, un nouveau regard », Jean Dufour, José Corréa. Éditions Trace ta vie, Jean Jacques Wuillaume 2015.

« Le cabaret rive gauche, de La Rose Rouge au Bateau Ivre », Gilles Schlesser. Éditions l’Archipel 2006.

« La grande histoire de la chanson française », Pierre Grosz. Éditions France Progrès.

Et puis, comme il s’agit de transmission, voilà une vidéo qui fait chaud au cœur. J’adore ces enfants. J’imagine qu’aujourd’hui, pas un seul ne doit penser, ce qui est malheureusement trop répandu, « Les Frères Jacques ? C’est ringard ! ». C’est réservé pour les gens qui ne connaissent pas… Merci à ceux qui ont fait ce très beau travail et à Daniel Faugeron… que je ne connais pas !